3.10.10

"On est trop riches ici. On sait pas comment dépenser notre argent !"

On se baladait dans la vallée d'Ihlara.
7 km de marche bien sympathique avec nos sacs sur le dos. A contresens des groupes de touristes.
A un moment on tombe sur 4 français échappés d'un groupe.
L'une nous demande un peu de sucre pour l'un d'eux qui est diabétique et qui commence à se sentir un peu faible.
On pose nos sacs, fouille dans notre pharmacie. Pas de sucre. Du coup on leur propose des raisins secs qu'ils acceptent un poil déçus, puis des abricots secs. J'ai un peu honte mais je sauve ce que je crois être notre dernière figue séchée (parce qu'elle étaient tellement bonnes ces figues).
Tout ça naturellement et dans une ambiance finalement bon enfant.

C'est là qu'une des 4 nous a tendu un billet de 5 liras. Que Lorraine a refusé une première fois. Puis que la dame a mis d'autorité dans mon sac. Que je leur ai retendu ce à quoi elle m'a répondu par cette belle phrase : "On est trop riches ici. On sait pas comment dépenser notre argent !" avant d'ajouter : "Vous irez boire un Coca avec !"

Il faut quand même préciser qu'ils était malgré tout plutôt gentils et assez gênés. Surement sincères (et c'est peut être le pire pour nous) dans leur façon de nous remercier.
Pour eux la seule façon efficace de nous remercier était de nous donner des sous.

5 Liras c'est 2€50. C'est aussi 10 thés ou 350g d'abricots secs...

Je crois que j'aurais voulu réussir à leur rendre leur argent, leur expliquer que j'aimerais qu'il puisse rester des choses gratuites, leur dire que j'étais désolé si ils avaient trop d'argent, que je préférais qu'ils nous remercie sincèrement plutôt qu'avec du pognon. Mais peut être qu'en pensant ça j'essaye juste de nous donner le beau rôle...
Je crois aussi que c'est ce tourisme là qui me débecte. Celui qui arrive avec des moyens démesurés, celui qui fait flamber les prix et qui amène à une uniformisation assez effrayante de tous les coins touristiques du monde.
Ce tourisme qui fait que les enfants du village de Belisirma (peut être 150 habitants ; là où on passé la nuit et où les groupes arrivent juste pour le déjeuner) connaissent trois mots d'anglais : "hello, bonbon, money !"


Mais tout n'est qu'une question de points de vue...

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